Le tourisme international

Un marché en hausse constante

Le marché du tourisme international ne s’est jamais aussi bien porté que ces dernières années, les arrivées de touristes internationaux dépassent les prévisions réalisées par l’OMT (l’Organisation Mondiale du Tourisme) en 2018, confirmant ce secteur est une ressource essentielle pour de nombreux pays. Le tourisme international n’est plus à interpréter comme un phénomène élitiste, mais comme un secteur économique et social d’envergure mondiale, dont la croissance constante depuis bientôt un quart de siècle laisserait à penser que le tourisme tend à devenir un phénomène « universel ». En effet, à mesure que les pays se développent, les flux de populations se livrant au tourisme augmentent, comme si le tourisme était un indicateur d’intégration à la mondialisation (phénomène très bien illustré par l’émergence des flux touristiques chinois et indiens parallèlement à l’intégration de ces pays à l’économie mondialisée).

 

En 2016, on comptait 1 235 millions d’arrivées de touristes internationaux dont plus de la moitié voyageait sur le continent européen. Selon l’OMT, ce chiffre devrait augmenter de 3,3 % par an durant les dix prochaines années, pour atteindre 1 800 millions d’ici 2030. Les recettes du tourisme international dépassent les 1 220 milliards de dollars cette année-là. Tandis qu’en 2017 nous assistons à la croissance la plus importante depuis les 7 dernières années, on comptabilise 1 326 millions de touristes internationaux soit 7 % d’évolution par rapport à 2016 avec des recettes s’élevant à 1 400 milliards de dollars. Pour ce qui est de 2018, les arrivées de touristes internationaux ont augmenté de 6 % au cours des quatre premiers mois de l’année par rapport à la même période l’an dernier.

Un secteur économique et social important

Le tourisme est un secteur économique important, dont les effets sur les systèmes en place sont multiples. C’est un phénomène complexe qui concerne de nombreux secteurs d’activité, mais qui représente à lui seul 10 % du PIB mondial en 2016, avec plus de 1 400 milliards de dollars générés. À cette même année, le tourisme international a assuré la création de 1 emploi sur 10 dans le monde, que l’on s’intéresse au secteur de l’hébergement, de la restauration, des activités touristiques, de la logistique, des transports, du commerce, bref l’ensemble des parties prenantes d’une destination touristique.

Le tourisme international est donc moteur pour une économie, mais il assure par là même une mission culturelle, patrimoniale. En effet, la préservation de la culture vernaculaire, de ce qui est typique, exotique fait partie des missions assumées par une part des acteurs touristiques, à l’image des Parcs nationaux, des espaces protégées, mais aussi des événements festifs, des rites culturels, qui sont autant d’éléments pouvant servir à promouvoir les particularismes d’une destination touristique, et ainsi créer une image de marque. À l’échelle mondiale, 47 % des voyageurs indiquent avoir choisi une destination en raison de la culture locale de la population du pays visité.
D’un autre côté, les voyageurs sont aussi prêts à augmenter leur budget vacances d’année en année, justifiant de ce fait la croissance de ce secteur par la nature « vitale » de ce besoin. Ainsi, 33 % des voyageurs interrogés déclarent penser dépenser plus en 2016 qu’ils ne l’ont fait en 2015, soit parce que « ma famille ou moi le méritons » ou encore, car « c’est important pour mon bien-être et ma santé ».

Pour ce qui est du tourisme d’affaires, cela reste difficile à évaluer, car il faut faire la distinction entre déplacements professionnels pouvant servir des motifs touristiques et les déplacements professionnels stricto sensu. En 2017, les touristes avec un motif de voyage professionnel ne s’élèvent qu’à 13 %, tandis que les voyages pour prendre des vacances représentent plus de 55 % des motifs. Le tourisme de santé ou religieux lui occupe environ 27 % de ses derniers. Ces données sont néanmoins à prendre avec des pincettes, car il est difficile d’évaluer les motifs de chaque voyage sans faire de projections statistiques. Néanmoins, elles permettent de donner une esquisse de réponse à la question « pourquoi voyage-t-on ? » Qui sera l’objet d’un prochain article, afin de faire une analyse plus poussée des motifs du voyage, et ainsi essayer de trouver les raisons d’une telle croissance du secteur touristique.

 

Infographie
(Infographie réalisée le 26-05-2017)

Qui voyage, où et comment voyage-t-on ces dernières années ?

Pays émetteurs, pays récepteurs, qui domine le tourisme international depuis 2016 ?

Si l’on doit faire le bilan des chiffres du tourisme pour les pays émetteurs, il faut tout d’abord montrer que ce sont les populations asiatiques et notamment chinoises qui sont les plus voyageuses de nos jours (qui sont aussi les plus nombreuses), puisqu’en 2016 nous comptabilisions plus de 226 millions de départs à l’étranger pour ce pays. La Chine est suivie par les États-Unis puis l’Allemagne (ces trois pays possèdent un IDH fort et sont considérés comme des pays riches, même si la Chine est encore contrastée).
En ce qui concerne les arrivées, l’Europe est la destination numéro une dans le monde, avec une concentration de pays et de sites touristiques qui sont autant de destinations mondialisées, autrement dit leurs notoriétés dépassent les frontières locales pour s’étendre aux quatre coins du monde, à l’image de villes comme Venise, Paris, Barcelone, Londres ou encore Dubrovnik dont les représentations sont connues par une grande part de la population mondiale (si l’on fait un parallèle avec l’image de marque on pourrait dire que ces destinations ont une forte notoriété spontanée et assistée). Pour autant, la France occupe une place particulière dans la dynamique touristique européenne, en effet « cocorico ! » c’est la France qui attire chaque jour plus de 238 000 touristes, pour un total sur l’année 2017 d’environ 83 millions de visiteurs, même si ce nombre important doit être nuancé, car la France n’est que troisième en matière de recettes générées par les touristes, derrière l’Espagne et les États-Unis.

Pour 2018, la France est toujours en tête des destinations, suivie par l’Espagne et les États-Unis. Tandis que la Chine reste le premier pourvoyeur de touristes internationaux, par contre elle a également enregistré une nette progression de ses recettes touristiques. En effet, de nombreux pays, à l’image de la Chine, sont en train de prendre conscience de leurs potentiels et des ressources que cette activité génère. De ce fait, de nombreux territoires plus ou moins attractifs sont mis en tourisme, c’est-à-dire que les infrastructures sont développées pour assumer l’arrivée de flux de touriste sur des sites choisis (par exemple, le site de Zhangiajie mis sous les projecteurs par James Cameron).

 

montagnes de Zhangiajie
(les montagnes de Zhangiajie, un nouveau spot touristique de la Chine en tant que pays récepteur)

Les modes de transport, un challenge pour l’avènement d’un tourisme international plus responsable :

Au niveau des moyens de transport utilisés par les touristes internationaux la situation a peu évolué depuis l’avènement du tourisme international à la fin du XXe siècle, ce sont toujours l’avion, la voiture individuelle et à moindre mesure le train et le bateau qui sont utilisés pour se rendre dans une destination touristique. En 2016, 39 % des voyages étaient effectués en voiture, tandis que loin derrière nous trouvons les transports plus lents comme le bateau et le train, moyens plutôt délaissés par les touristes qui ne cumulent que 6 % des parts de voyages effectués, contrairement à l’avion qui lui domine le marché avec 55 % des voyages effectués par la voie des airs. Ces statistiques sont stables puisque les résultats sont quasi-identiques pour les années 2017 et 2018, avec tout de même une augmentation de la part des trajets effectués en avion, cette croissance est la conséquence de la généralisation du « low cost » et de l’adaptation des leaders de l’aviation à ce phénomène et à l’ubérisation du marché (cf. Air-France/KLM et la pratique du vol sur mesure calqué sur le modèle low cost).

 

mondialisation
(croisement en vol d’avions long-courrier, un symbole de la mondialisation)

Le voyage responsable, l’avenir du tourisme :

Pour autant, la tendance d’un tourisme international dominé par l’avion pourrait être remise en cause au cours des prochaines années. En effet, différentes campagnes de sensibilisation menées par des ONG comme Greenpeace, qui se bat contre la pollution de l’air, ou Voyageons-Autrement qui est une association de voyageurs pour la mise en œuvre d’un tourisme plus responsable, cherchent à faire prendre conscience à l’opinion publique de l’importance d’une revalorisation des transports lents et de l’importance de pratiques touristiques responsabilisées. Encore minoritaires, ces revendications de plus en plus nombreuses entrent en résonance avec une tendance écologique plus globale, d’une remise en cause du système consumériste, qui se traduit dans le cadre du tourisme international par une meilleure utilisation des moyens de transport, avec des trajets plus adaptés et des sites touristiques d’avantages accessibles (privilégier le train quand cela est possible, ne pas prendre l’avion pour des trajets courts…).

Bref, pour l’instant les mentalités privilégient encore l’avion ce qui se traduit dans les chiffres, du fait de sa rentabilité en temps et en coût et d’une meilleure adaptation des destinations touristiques à ce mode de déplacement (il est parfois plus économique de prendre l’avion lorsque le lieu dispose d’un aéroport international bien desservi, comme c’est le cas à Bordeaux). Néanmoins, des projets d’infrastructure de grandes ampleurs pourraient bouleverser cette organisation, à l’image des « nouvelles routes de la soie » voulue par la Chine qui à l’avenir seraient destinées à devenir les axes principaux de circulation des flux humains, notamment entre l’Europe et l’Asie.
D’autant plus que le train, l’automobile et le bateau ont des avantages lorsque l’on parle de tourisme. Ils permettent de faire vivre le déplacement, le voyage retrouve ainsi son essence première d’un chemin parcouru, d’une pérégrination qui n’est plus permise par l’avion se voulant comme un accès direct vers une destination, sans prendre conscience de la distance et des territoires parcourus… Cela est fondamental si l’on veut un séjour réussi, car comme le rappel un célèbre dicton de Robert Louis Stevenson : « l’important ce n’est pas la destination, c’est le voyage ».